Le larbin des EHPAD...!

julien sultan Par Le 11/09/2018 2

 

C'est vrai que c'est un titre un peu fort , vexant, mais c'est la réalité d'une profession qui a perdu de son lustre.

Pourtant il n'y a pas si longtemps, je me rappelle, on  a été recherché, courtisé, valorisé,  c'était du temps de la pénurie de soignants  dans les maisons de retraite.

Depuis les directions des EHPAD ont préféré recourir pour moitié de leur effectif en personnel ayant des compétences naturelles au détriment de la compétence professionnelle, reconnu par un DE.

Parfois, j'entends certain directeur d'EHPAD dire  : "on n'a  pas besoin d'un diplôme  d'aide-soignant pour faire  prendre des douches aux  personnes âgées"

 je me pose des questions sur l'avenir de ma profession, qui est devenue une profession fourre tout en EHPAD.

              Pourtant  c'est une profession qui gravite au centre de l'organisation de travail d'un EHPAD. Tour à tour, la profession emprunte :

les galons de l'IDE "distribution de médicaments, soins dermato,pansement dextro, bobologie"

l'agent du service hébergement " qui met la table du midi, sert le déjeuner, débarrasse les couverts,passe la serpillère, devient à l'occasion

lingère qui range les armoires , range le linge, recoud les boutons et au besoin

met le bleu de travail de l'homme d'entretien  qui nettoie les fauteuils roulants , remplace les ampoules , et débouche les lavabos, approvisionne son service de matériel divers en particulier les protections.

et... le travail administratif:  met des croix , signe, ou rédige des transmissions ciblées sur des fiches appelées traçabilités, et enfin après avoir usé toute son énergie on lui demande de faire de

l'animation l’après midi auprès des résidents.

              Le soin de nursing, valeur intrinsèque du métier d'aide soignant, est devenue secondaire au profit de l'environnement du résident et de la traçabilité : deux notions qui nous éloignent des valeurs auxquelles on croit  et qui sont l'écoute, l'accompagnement,et l'humanitude.

Jomey stéphane

Responsable publication soignant en EHPAD.fr  

 

 

Questions / Réponses

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Commentaires

  • Michel

    1 Michel Le 20/12/2019

    Et désolé pour les nombreuses fautes que je viens de voir à la re-lecture.
  • Michel

    2 Michel Le 20/12/2019

    Un cadre qui tient ce discours, exceptionnel. La mienne est plutôt lèche botte hierarchique, jusqu'à apparaître sur la liste syndicale patronnale, dont la dernière parution masque à peine le mépris envers le personnel soignant.
    Aide soignant = larbin, le terme n'est trop fort. C'est une réalité que j'essaie de faire passer auprès de mes collègues, et qui met du temps à faire son chemin. L'admettre est difficile, car elle fait prendre conscience qu'on ne peut réaliser un bon travail dans ces conditions, et que donc l'on empreinte le chemin de la maltraitance. Percevoir la réalité de nos actes n'est pas sans conséquences; les meilleurs d'entre nous font un burn-out et réussissent à sortir du travail lamentable fait en gériatrie (service qui recrute de plus en plus d'ASH, ils coutent moins cher).
    Comment voulez-vous prendre soin des gens correctement quand on nous impose toujours plus de tâches annexes. Dans un service alzheimer par exemple, comment maintenir l'autonomie d'une personne quand le temps qui lui est accordée est limité? Ces gens sont à prendre avec des pincettes si je puis dire, or la journée n'est pas extensible. Donc nous finissons inévitablement par faire à leur place, ce qui est parfait pour les faire régresser plus vite, et ce qui n'est pas pour déranger la plupart de mes collègues qui ne font que s'adapter...
    La bien pensance de la cadre nous vend le discours de la bien traitance, en nous suggérant de différer les toilettes à l'après-midi, afin de privilégier les petits déjeuner et la prise de médicament le matin. C'est beau la théorie. Comment voulez-vous laisser les gens souillés, la protection ne peut tenir si longtemps, et l'après-midi on a autre chose à faire (animation, rangement et/ou commande du linge, des produits alimentaires, des protections, des produits ménagers comme les sacs poubelles ou essuie-mains, distribuer les goutters, les mises au toilettes après le repas du midi, nettoyer les accidents qui arrivent assez souvent comme les diarrhées, l'urine au sol dans le service...). Comme vous dites aussi, on s'occupe des poubelles, du linges sale, nettoyage de la caroline, du ménage, du rangement (combien de fois la cadre nous a reproché une mauvaise tenue de l'office, notre salles de travail, devant des visiteurs), sans parler des traçabilités divers, du temps accordé aux familles. Alors oui, on se prend une pause dans l'après-midi, quitte à passer pour de feignant aux yeux des familles, avant le rush du soir qui ne nous permet pas de répit.
    On peut ajouter encore le problème des auto-remplacements, ou, à défaut, du travail en effectif réduit (déjà qu'on n'est pas assez nombreux...), qui nous empêche évidemment de prendre la moindre pause et qui, lorsque l'on commence à 6h30, nous oblige à faire du non-stop jusqu'à 14H, le moment des transmissions (le 6h30 chez nous doit attendre 14H, le moment des transmissions pour enfin s'assoir, car les toilettes terminent quasiment vers 12H, selon la charge de travail - c'est à dire l'état du résident le matin - donc ensuite il nous faut du temps pour installer tout le monde à table, aller chercher médicaments et repas, pause pipi quand on s'accorde se temps (c'est dingue ça), distribuer le repas et les traitements, ensuite faire la vaisselle, nettoyer les tables et la salle, raccompagner certaines personnes aux WC). Bref, on peut ajouter aux soirées ou fin d'après-midi le comportement encore plus difficile des personnes agés (angoisse vespérale notamment).
    Encore une spécificité de notre établissement, les synthèses programmées (ou pas!) en fin de matinée. C'est long une synthèse, ça monopolise un soignant, et quand la cadre se permet d'arriver en retard c'est normal. Donc chez nous, ce travail important, déborde allégrement sur l'heure du repas. Encore une fois c'est l'aide soignant qui se dévoue pour se rendre disponible à une heure improbable; bien entendu les autres disciplines présentes aux synthèses (diététicienne, ergothérapeute, animatrice, médecin s'il a le temps lui) ne peuvent pas différer à un autre moment de la journée.
    Comment peut-on être fier de son métier quand on bosse dans des conditions aussi minables? Certes, j'ai fait pire comme métier, mais mis à part soi-même personne n'en pâtissait.
    J'avais un formateur qui, sans doute pour nous abrutir davantage avec son discours faussement motivant, nous avait dit quelque chose du genre: "l'être humain est capable de tout supporter". Alors oui c'est vrai, et avec ça on peut surement aller jusqu'à légitimer l'esclavage.
    Malgré ces énormités il n'y a aucune cohésion au sein du personnnel soignant. Les principales revendications quand il y en a restent pécuniaires, les autres abus deviennent des normes auxquelles chacun (chacunes!) se soumet.
    Donc pour subir sans dommage tout ce boulot abêtissant il reste à développer notre capacité à encaisser, à se mentir, éteindre l'esprit critique (jugé trop négatif par certains collègues un peu trop faibles et lâches) et vaille que vaille! arrivé à 60 ans passés on part avec un dos cassé, une mauvaise santé (honnêtement je n'ai vu jusqu'à maintenant aucun collègue partir en bonne santé).
    Il y aurait encore beaucoup à dire, comme l'impact des horaires irrégulières sur la santé, la vie privée, le management à respect unilatéral, l'abus des médecins intérimaires dont l'impact est loin d'être anodin sur le personnel (adaptation constante de l'infirmière aux petites habitudes du médecin - prise d'initiative variable d'une médecin à l'autre - , le "yoyo" des traitements envers les résidents...).
    Ca n'ira pas en s'améliorant, et ce n'est pas qu'une question de budget mais aussi de mentalité de la part des soignants trop docile (sans vouloir paraitre misogyne, c'est un milieu très féminin...) et des cadres complices presque, désolé pour les vocations sincères, inutiles.
    J'espère que mon message ne sera pas censuré parce que ma franchise dénote du ton habituel, je suis prêt à préciser mes propos s'ils sont mal peçus tels quels.

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