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Une longue épopée

 

Dimanche matin, je prends mon service au sein du xxxxxxxxxx.

Je sais qu’une sortie est prévue dans l’après-midi : « découverte d’un salon de thé oriental », situé à xxxxxxxxxx. Nous sommes trois accompagnateurs.

            Je demande à l’équipe qu’elles sont les personnes restantes sur la structure, et qui est intéressé par la sortie. Je suis étonnée de savoir que Mme C. ne souhaite pas participer à la promenade, la sachant gourmande et curieuse de découvrir de nouveaux endroits.

            Mme C. est atteinte d’IMC et troubles associés. La situation de Mme C. au sein du Foyer est particulière dans la mesure où celle-ci attend l’ouverture de la MAS car son handicap n’est plus adapté à la vie en appartement.

Le projet de Mme C. est d’intégrer la MAS car son handicap et son vieillissement ne sont plus adaptés à la vie en appartement.

Mme C. travaille à l xxxxxx à mi-temps thérapeutique.

Mme C. est à un degré d’autonomie relativement moyen dans tous les domaines.

L’aide apportée par l’équipe au cours de cette année s‘est intensifiée, les interventions se font maintenant de manière systématiques.

Mme C. à dû faire face à de nombreux problèmes de santé qui ont influencés son autonomie.

Mme C. à besoin d’une aide partielle dans certains actes de la vie quotidienne (toilette, habillement, prise de médicaments, préparation des repas…)

            Je me rends chez Mme C. afin de l’aider à sa prise de médicament.

Je la trouve très joyeuse et fière de me dire qu’elle s’est couchée à deux heures du matin par ce qu’elle a navigué sur internet pour voir des sites de poupées (Mme C. est une grande collectionneuse de poupées).

Je lui reparle de la sortie de l’après-midi, elle me répond qu’elle préfère rester chez elle « tranquille ».

Le sujet est donc clos pour moi malgré ma surprise. 

         Vers 14h30 le groupe commence à se rassembler, nous voyons Mme C. arriver. Elle me demande : «Annie, il y a encore de la place pour la sortie »? Je me retourne vers l’équipe qui a entendu la question et répond : « oui oui Mme C. pas de soucis ».

            Nous prenons la route, l’arrivée à xxxxxx se fait sans encombres.

            Au salon de thé la découverte est extraordinaire, Mme C. se régale de thé à la menthe et de pâtisseries, elle apprécie vraiment beaucoup le thé.

Au bout de trois tasses, l’équipe suggère de « lever un peu le pied » sur la consommation de thé du fait de légère tendance de Mme C. à l’énurésie (Mme C. fait ses transferts fauteuil/toilettes de façon un peu difficile mais faisables dans des toilettes accessibles.

            Elle avait bien sur prévu avant de partir mais…

            Au bout d’un moment Mme C. me dit tout bas : « Annie ? Oui ? Tu crois que les toilettes sont accessibles ici ? »

            Je vérifie et reviens penaude. NON ! L’équipe et moi-même décidons de partir à la chasse aux « toilette accessibles aux personnes à mobilité réduite ».

            Nous parcourons la ville d’xxxxxxx jusqu’au centre, force est de constater qu’il n’y a pas de toilettes publiques accessibles au centre ville.

J’entre dans plusieurs brasseries et pose la question, la réponse est toujours négative, je commence à me sentir mal.

Mme C. ne dit plus rien, la tête dans les épaule (ce qui semble un mouvement de soumissions cher elle).

            Je pense deviner à son attitude qu’il est déjà trop tard, mais nous continuons nos recherches…

Mme C sort d’une période d’énurésie et l’équipe pluridisciplinaire lui a déconseillée de porter des protections adaptées afin de conserver son autonomie au maximum.

            Tout à coup, une personne de l’équipe soumet l’idée d’une « cafétéria », nous pensons en effet que ce genre d’endroit contient sûrement ce que nous recherchons.

Ce fût le cas ! Un vigile très sympathique nous autorise l’accès sans nécessairement consommer.

            J’aide Mme C., lui baisse le pantalon, je constate que nous avons mis beaucoup trop de temps à trouver le bon endroit.

Elle ne disait plus rien et était certainement « honteuse » de n’avoir pu se retenir.

            Après ce passage quasiment inutile aux toilettes Mme C. termine la promenade souillée, le vent qui souffle n’arrange rien, elle a maintenant très froid.

Nous décidons d’abréger la promenade mais mettons un bon moment à rejoindre les véhicules.

Mme C. reste taciturne et l’on voit bien qu’elle n’est pas très à l’aise.         

            - En tant que personnes valides, avons-nous conscience des difficultés à trouver des sanitaires dès que le besoin se fait sentir pour les personnes dépendantes ?

            - Les villes touristiques n’oublient-elles pas les personnes à mobilité réduite ?

            - La décision de Mme C. de se joindre à nous nous a-t-elle fait oublier de discuter sur une possibilité de prévention ?

            J’ai du ce jour là, prendre sur moi pour ne pas montrer mon sentiment d’impuissance à Mme C. alors que l’après-midi se passait très bien.

Impuissante face aux manques les plus basiques dans une ville dite « moderne ».

            La situation a été discutée le mardi suivant en réunion pluridisciplinaire.

Il en ressort que nous allons suggérer à Mme C. de porter une protection de manière occasionnelle lors de certaines sorties ou nous ne serions pas surs de trouver des endroits adaptés.

La solution n’est pas très satisfaisante et doit rester occasionnelle afin que Mme C. garde son autonomie et aussi l’habitude de demander de l’aide dès que ce besoin se fait sentir, qu’elle ne cède pas à une certaine « facilité » !

Dianne Frémont

étudiante IRTS

 

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