Définition
La paranoïa est un trouble mental manifesté par des difficultés relationnelles, des troubles du comportement et un sentiment de persécution pouvant aller jusqu'à un point d'irrationalité et de délire (délire paranoïaque).
La pensée paranoïaque inclut typiquement des croyances de persécution liées à une menace perçue comme provenant des individus : jalousie, délires, etc.
Symptômes
une méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres dont les intentions sont interprétées comme malveillantes, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présente dans divers contextes, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes.
La personne souffrant de paranoïa :
s'attend sans raison suffisante à ce que les autres l'exploitent, lui nuisent ou le trompent, est préoccupée par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis ou associés, est réticente à se confier à autrui en raison d'une crainte injustifiée que l'information soit utilisée de manière perfide contre lui, discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans des commentaires ou des évènements anodins, garde rancune, c'est-à-dire ne pardonne pas d'être blessé, insulté ou dédaigné, perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation, alors que ce n'est pas apparent pour les autres, et est prompte à la contre-attaque ou réagit avec colère, met en doute de manière répétée et sans justification la fidélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel ; il ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques ou d'un autre trouble psychotique et n'est pas nécessairement dû aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale.
Les psychoses paranoïaques, quant à elles, sont désignées dans le DSM-IV sous le terme de troubles délirants (en anglais : delusional disorder) :
Délire sans idées bizarres (car impliquant des situations plausibles dans la vie réelle, comme être espionné, poursuivi, empoisonné, infecté, aimé à distance, trompé par son partenaire ou être atteint d'une maladie) sur une durée d'au moins un mois.
Les caractéristiques de la schizophrénie (désorganisation mentale, symptômes négatifs, etc.) ne sont pas rencontrées.
Toutefois, dans de rares cas, des hallucinations sensorielles (en rapport avec les thèmes du délire) peuvent être observées.
Mis à part l'impact du délire, la maladie n'handicape pas le patient dans son mode de vie, et son comportement n'est pas inhabituel ou bizarre.
Si des troubles de l'humeur sont observés, leur durée est plus brève que celle des épisodes délirants.
Les dysfonctionnements ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d'une substance chimique (qu'il s'agisse d'une drogue illégale ou d'un médicament) ou d'une affection médicale générale
Traitements
Compte tenu de l'anosognosie qui accompagne cette affection (c'est-à-dire du fait que le malade n'est pas conscient de ses troubles), bon nombre de personnes qui en sont atteintes restent sans suivi.
Le délire paranoïaque installé est pris dans le caractère et prend le dessus sur la construction même de la personnalité.
Souvent toute proposition de soins est interprétée comme une agression.
Du fait des modalités relationnelles particulières des patients paranoïaques, et du risque que le soin amène un renforcement (ou une simple continuité) du processus paranoïaque, et à l'insu du thérapeute, la prise en charge n'est pas continûment possible en cabinet, et souvent elle est institutionnelle, faisant appel à une équipe pluridisciplinaire de soignants.
Le traitement médicamenteux de fond de la psychose paranoïaque fait principalement appel aux neuroleptiques dits incisifs, c'est-à-dire possédant des propriétés antidélirantes (quétiapine, halopéridol, rispéridone, olanzapine…) qui permettent de réduire le délire sans parvenir toujours à le supprimer complètement. Les antipsychotiques atypiques, qui agissent à la fois sur les récepteurs de dopamine et ceux à la sérotonine, sont largement plus efficaces que les antipsychotiques typiques qui n'agissent que sur les récepteurs à dopamine.
Lorsque s'ajoutent des troubles du comportement, une insomnie, des périodes d'agitation ou un risque de passage à l'acte, un neuroleptique plus sédatif peut être prescrit (comme la cyamémazine, la chlorpromazine, la lévomépromazine et surtout la loxapine…) pour être consommé de manière transitoire au moment où ces troubles du comportement se déclarent.
Le malade n'étant pas toujours conscient de ses troubles du comportement (à cause de l'anosognosie), il est parfois nécessaire que son entourage lui signale que son comportement pose problème.
Lors d'exacerbations anxieuses, un traitement anxiolytique (benzodiazépines, bêta-bloquants…) peut être ajouté.
Par exemple, le propranolol est très efficace pour faire disparaitre le sentiment de peur et d'appréhension que l'on observe fréquemment chez les paranoïaques, et pour corriger certains effets secondaires des antipsychotiques (comme l'akathisie).
Il n'entraine pas de dépendance et n'a pas les effets secondaires délétères pour la mémoire que l'on observe avec les benzodiazépines.