La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le mercredi 30 mai à 16 heures, les mesures destinées à améliorer la prise en charge dans les EHPAD.
La "feuille de route" est née du constat que le pays n'a pas encore su trouver "un vrai modèle de prise en charge de la perte d'autonomie".
Un personnel en difficulté
Entre janvier et mars, le personnel des EHPAD s’était lancé dans deux mouvements de grèves.
Les salariés déploraient notamment le manque de moyens et d’aides-soignants par rapport au nombre croissant de résidents.
Ils se décrivaient comme « usés » et « à bout » en réclamant davantage de moyens financiers et humains afin de s’occuper « dignement » de nos aînés.
Ces mouvements dénonçant une "maltraitance institutionnelle" ont été approuvés par les familles et soutenus par l’opinion publique.
En France, près de 700 000 personnes vivent dans l'un des 7 200 EHPAD existants. Il existe une très grande disparité entre les établissements en ce qui concerne le confort, le personnel, le suivi médical et les prix.
Mais actuellement, quel que soit le type d'EHPAD, le taux d'encadrement est bas: 0,57, soit moins de 60 personnels pour 100 résidents.
L’objectif de la réforme est d’opérer un rééquilibrage du ratio soignants-gestionnaires. En résumé : moins et mieux d'administration avec davantage de personnels auprès des patients.
Le plan de prise en charge de la dépendance
Agnès Buzyn a assuré qu’il y aurait des "mesures immédiates" pour "aider les EHPAD en difficulté avec une certitude qu’il n’y aurait pas de perdants sur les changements de tarification".
Parmi la quinzaine de mesures annoncées dans le "plan grand âge et autonomie", nombreuses sont celles qui concernent le personnel :
• Généralisation d'une astreinte infirmière mutualisée la nuit dans chaque EHPAD
• Mutualisation des moyens pour améliorer la qualité des soins et de l'accompagnement
• Investissement de 430 millions d’euros sur 3 ans pour créer 20 000 postes
• Plan d'investissement de 100 millions d'euros par an à partir de 2019 pour moderniser et rénover les infrastructures ainsi que le matériel
• Plan d'actions de prévention pour améliorer la qualité de vie au travail pour les personnels
• Révision d'un budget pour favoriser le recrutement en EHPAD
• Révision de la grille "Pathos" pour évaluer les besoins en soin des résidents
Face à l’urgence de la situation en mars, la ministre avait annoncé réserver un budget de 50 millions d’euros pour les EHPAD.
Elle a annoncé hier investir 430 millions d’euros supplémentaires sur les 3 ans à venir. L’objectif est d’employer près de 20 000 salariés en équivalent temps plein.
Afin de combler le manque de personnel, des infirmiers de nuit devraient être déployés dans les 7 200 EHPAD de France. Il s'agira d'astreintes infirmières mutualisées entre plusieurs établissements géographiquement proches.
Cela signifie que ces personnels seront mobiles et se déplaceront dans les établissements selon leurs gardes afin de gérer les urgences médicales que les aides-soignants ne sont pas habilités à prendre en charge.
Ce sera le moyen de gérer les problèmes nocturnes de résidents sans avoir à se déplacer aux urgences. De plus, renforcer les effectifs permettra de soulager le personnel en maison de retraite tout en garantissant un meilleur accueil des résidents.
"On va mettre beaucoup de moyens sur les infirmières de nuit et pour des soignants, nous dégagerons des moyens", a indiqué la ministre. "Et nous allons travailler sur la formation des professionnels autour des personnes âgées (…), sur les carrières des personnels".
Les problèmes de recrutement en EHPAD
La rotation du personnel en EHPAD est fréquente puisque 15% du personnel a moins d’un an d’ancienneté. En effet, 44% des établissements déclarent avoir des difficultés pour recruter.
Parmi ces derniers, près de 63% ont des postes non pourvus depuis 6 mois, notamment les EHPAD du secteur privé ou ceux implantés dans des communes isolées.
De fait, un établissement sur deux emploie du personnel en intérim, particulièrement dans les structures privées.
En outre, sur 10 établissements recourant à l’intérim, huit utilisent ce type de contrat pour recruter des aides-soignants et 73% pour des infirmières.
D’ailleurs, les difficultés de recrutement concernent surtout les aides-soignants (un Ehpad sur onze) et les médecins coordonnateurs (un Ehpad sur dix), tandis que le recrutement d’infirmiers pose moins de problèmes.
Une réforme controversée
Ces mesures ont été saluées par les personnels mais les mesures restent, selon eux, toujours insuffisantes et manquent cruellement de chiffrage. Certains s’interrogent sur la réelle mise en place du projet et surtout sur sa pérennité puisque la création des 20 000 postes n’est mandatée que pour 3 ans: l'encadrement restera insuffisant.
"Le rôle de l'infirmière la nuit n'a pas d'ampleur », indique Virginie Lepelletier, directrice d'un établissement privé à Saint-Lô. « Il faudrait plutôt renforcer la présence d'auxiliaires médicaux comme les ergothérapeutes ou psychologues pour compléter le travail des soignants. Une infirmière de nuit peut certes faire plus qu'une aide-soignante, mais elle reste bloquée sans l'aval du médecin pour certains protocoles de soins".
En effet, les diagnostics et les gestes médicaux ne pourront pas être procurés par les infirmières par manque d’équipement médical. Ces dernières feront donc appel au SAMU tout comme les aides-soignantes actuellement, puisqu’un EHPAD est un lieu de vie avant d’être un lieu de soin.
Selon certaines directions d’EHPAD, pour éviter les déambulations et donc les chutes la nuit, il faudrait surtout recruter plus de personnel pour apaiser le coucher, aider les résidents ayant chuté et les raccompagner vers leur lit. Cette prévention de la chute serait plus utile que l’acte soignant après l’accident.
D’autres encore considèrent que le partage de personnel infirmier avec d’autres structures n’est pas pertinent
Par ailleurs, même si les orientations correspondent aux attentes et aux nécessités, les moyens déployés ne sont pas à la hauteur et beaucoup de mesures vont se heurter à des obstacles.
Enfin, pour les personnels, il manque clairement le volet concernant un meilleur accompagnement social des résidents.
Rappelons que, contrairement à d’autres pays, la France a fait le choix de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Les EHPAD ont ainsi « récupéré » les patients les plus dépendants.
La mobilisation des infirmiers en hôpital
Afin de témoigner leur mécontentement et leur soutien au personnel en EHPAD, des infirmiers en hôpital se sont mobilisés.
Les soignants du CHU de Toulouse par exemple ont fait le buzz avec leur reprise de la chanson « Basique » d’Orelsan.
Sur cette vidéo, tournée le long des voies du tramway passant au cœur du centre hospitalier, les soignants reproduisent le clip à leur sauce.
Un soignant chante sur le rythme et dénonce de manière originale les problèmes dus à un manque de moyens : management et maltraitance des patients, dégradation des conditions de travail, fatigue du personnel… Vous pouvez visionner la vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=UJ8JXr_LIW4
A l’hôpital de Rouvray près de Rouen, c’est un autre combat qui a duré 18 jours. 7 employés ont entamé une grève de la faim le 21 mai dernier pour une durée de 2 semaines. Ils ont ainsi obtenu au 8 juin, la signature d’un protocole de sortie de crise avec l’Agence régionale de santé (ARS) Normandie. Grâce à eux, une trentaine de postes vont être créés !
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Prise en charge de la dépendance: Quels impacts sur le personnel soignant ?
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