Sexualité en EHPAD : l'amour toujours jusqu'au bout

 

afection.jpg À 80 ans et au-delà, la sexualité et la séduction restent présentes. Même si la société est en retard sur la réalité.

 

"La génération des baby-boomers, quand elle arrivera dans les maisons de retraite, va y foutre le bordel ! » Le docteur Gérard Ribes, psychiatre spécialisé dans la gérontologie, tout en s’excusant de la trivialité du propos, explique que les humains « restent des êtres désirants jusqu’à la fin de leur vie". Mais reconnaît aussi que les générations plus jeunes ont toujours du mal à imaginer la sexualité de leurs parents. Alors, quand il s’agit des arrière-grands-parents...

 

"Pourquoi y aurait-il un monde des adultes où la sexualité serait autorisée et un monde des âgés où elle serait interdite ? s’interroge le gérontologue, qui se réfère à une étude américaine portant sur des hommes et des femmes entre 80 et 102 ans. Parmi eux, précise-t-il, 63 % des hommes et 30 % des femmes avaient encore des rapports sexuels".

Le Viagra à 94 ans

 

Il reconnaît d’ailleurs que l’homme le plus âgé pour lequel il a prescrit un équivalent du Viagra avait 94 ans. "Il avait formé un nouveau couple et souhaitait continuer son activité sexuelle". Gérard Ribes observe d’ailleurs que les différences entre les sexes restent les mêmes quel que soit l’âge. "Pour l’homme c’est la performance, pour la femme la relation. C’est une question d’identité. Un homme, pour être un homme, se doit de bander". Et de poursuivre, dans un autre registre : "Nous sommes des individus dépendants de la présence d’un autre". Ce qui, selon lui, reste dramatique pour les femmes vieillissantes, les hommes disparaissant en moyenne plus tôt.

 

 

 

 

affective4.jpgSéduire encore

 

https://www.soignantenehpad.fr/

 

 

Le gérontologue confirme que, "si la sexualité ne s’arrête pas à un certain âge, ni à certaines pratiques", elle est bien présente dans les maisons de retraite.  "Dans les Ehpad, la question se pose en permanence, avec des questions d’intimité, de jalousie, de générations". Le personnel des maisons de retraite reste souvent aussi intolérant que les enfants des personnes qui y résident. Le directeur d’une maison de retraite de Fréjus, dans le Var, explique que "trop souvent le personnel soignant pense que l’amour et la sexualité n’ont pas leur place en maison de retraite. Et les enfants ont du mal à accepter que leurs parents aient une vie sexuelle ou sentimentale à 80 ans, surtout s’ils ont remplacé un conjoint défunt par un nouveau partenaire". "Ce n’est pas qu’ils n’acceptent pas, renchérit Gérard Ribes, pour eux, c’est inimaginable".

 

Pourtant c’est une réalité, et le psychiatre l’a fait observer à ses étudiants qui ont collaboré à une étude sur les thés dansants. "Dans cet univers, raconte-t-il, fréquenté par les plus de 75 ans en moyenne, la drague est omniprésente. Et le côté séduction physique reste très important. Le choix pour une personne âgée, c’est de se renfermer sur elle-même ou bien de se mesurer au regard des autres. Ce qui nous renvoie à la question sur ce qu’est vraiment la beauté". Il n’est en effet pas nécessaire d’être lifté de partout pour s’intéresser à l’apparence. Mais pour vanter les produits qui l’améliorent, encore faudrait-il savoir le faire. "Or, constataient récemment les participants à un colloque sur les seniors organisé par le ministère de l’Économie, les équipes de marketing ne veulent pas travailler sur la cible des seniors". D’où l’accentuation dans les publicités du décalage entre l’âge ressenti et l’âge réel. Et le choix de mannequins plus jeunes que leur cible.

 

"Quand on fera jouer par une personne de 80 ans un spot destiné aux 80 ans", c’est que les choses auront vraiment changé, observe le docteur Ribes, qui pense néanmoins que la génération des baby- boomers va "imposer ses codes sociaux".

 

 

affective1---Copie.jpg Ça évolue

 

Aujourd’hui, commente-t-il, il y a de plus en plus de séparations et de divorces après 60 ans. L’évolution de l’état de santé en vieillissant est de plus en plus positive. La génération qui a fait s’opérer un premier basculement en faveur des jeunes dans les années 1970 ne va pas se laisser imposer un slogan du type  "votre temps est passé, mais plutôt pousser à un deuxième basculement. Cette fois-ci en faveur des vieux.

 

Lui-même constate d’ailleurs dans son milieu une évolution. "Quand je me suis intéressé au sujet, il y a une quinzaine d’années, j’ai entendu tous les noms d’oiseaux. Je me faisais même traiter de gérontophile". Aujourd’hui, celui qui est aussi enseignant et chercheur au laboratoire Santé Individu Société de l’université de Lyon organise au moins un colloque par mois et autant de formations sur la sexualité des seniors.

 

(source journal SUD OUEST 13 février 2011 09h52 | Par Hélène Rouquette-Valeins)

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